Page 12 - La communication financière à l'ère digitale
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 1. Le législateur face au bouleversement des réseaux sociaux
Filtrer l’information. Voici un vœu pieu qu’il n’aura jamais été aussi difficile de tenir pour les professionnels, à l’heure où les médias sociaux démultiplient les cibles et les sources d’information. Cette nouvelle donne informationnelle bouscule les bases jusqu’ici utilisées dans la communication financière.
D’autant plus que sur ces réseaux sociaux, sans doute pire que la « fake news » que combattent les politiques (voir le Digital Trust Index JIN « Faut-il avoir peur des Fake News ? », sur JIN.fr), une véritable cascade de rumeurs risque de déferler à chaque instant.
Cet « âge de la multitude »2 permet à des micro-signaux d’influen- cer un cours de Bourse, donnant des sueurs froides aux services de communication...
Aux États-Unis, ce fut le cas en 2013, lorsque le compte Twitter de l’agence Associated Press fut piraté dans le but de publier un message mensonger. Ce post, qui annonçait plusieurs explosions à la Maison Blanche, blessant le président Obama, entraina un emballement spéculatif provoquant alors une perte de 136 mil- liards de dollars à la Bourse de New York.
tion sera diffusée ». La SEC pointait trois critères déterminants dans la communication financière : sa neutralité, son accessibilité à tous, et sa temporalité, quand chaque seconde peut être déter- minante pour le cours d’une action.
Résultat, en 2015, 30% des investisseurs institutionnels ont reconnu que les médias sociaux avaient une influence sur leur prise de décision d’investissement, selon Greenwich Associates. Pour les auteurs de cette étude, « l’allocation de milliards de dollars d’investissements est désormais directement influencée ».
En France, l’AMF n’interdit pas la diffusion d’informations financières sur les réseaux sociaux mais appelle, dans une recommandation de 2014, à une grande prudence dans leur usage dans le souci du respect des règles d’accès à l’information. Quoi qu’il en soit, la publication sur les réseaux sociaux doit rester « complémentaire » au communiqué de presse pour les sociétés de gestion de portefeuille (SGP) et des émetteurs de titres de créance structurés (ETC).
De même, l’AMF impose à l’émetteur d’assurer « un accès égal et dans les mêmes délais » (art. 223-10-1) à une information « exacte, précise et sincère » (art. 223- 1). L’internaute doit aussi pouvoir identifier clairement les différents comptes sociaux d’une société. Enfin, l’autorité préconise une veille active sur les médias sociaux afin de réagir rapidement en cas de rumeurs.
 Le
face
Cette année marque aussi un réel tournant pour la communi- cation financière. De nouvelles règles sont promulguées par la SEC, le gendarme de Wall Street, « autorisant l’usage des médias sociaux (Facebook, Twitter) pour annoncer des informations clés en conformité avec la Regulation Fair Disclosure, tant que les investisseurs ont été alertés du média social sur lequel l’informa-
2VERDIER Nicolas, COLIN Henri, 2012. L’Age de la multitude : Entreprendre et gouverner après la révolution numérique. Armand Colin.
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